Tout d’abord, une question s’impose : « que sont les fonctions cognitives ? »
Il s’agit de nos capacités de mémoire, d’attention, de langage ainsi qu’un ensemble de fonctions dites « exécutives », celles qui nous permettent de nous adapter à des situations nouvelles ou inhabituelles (non routinières). Les fonctions cognitives sont « invisibles » mais nous les utilisons constamment et elles influencent nos comportements. Lorsque l’on va chercher quelque chose dans une des pièces de notre maison, on fait appel à nos capacités de mémoire à court terme, une des formes de mémoire. Lorsque l’on va faire ses courses sans liste ou que l’on essaye de se rappeler d’un chemin, ce sont les capacités de mémoire à long terme qui sont sollicitées. Lorsque l’on lit un livre, on sollicite nos capacités de concentration et de langage tandis que lorsque l’on réalise une nouvelle recette de cuisine, il est nécessaire de l’organiser en étapes, de préparer ce dont nous avons besoin, de ne pas se faire distraire, etc., nous utilisons là nos capacités dites « exécutives ».
La sclérose en plaques (SEP) peut engendrer des troubles des fonctions cognitives portant sur une ou plusieurs de ces capacités. Leur fréquence et leur importance varient fortement entre les personnes, entre les types d’évolution, la durée de la maladie, etc. L’on sait toutefois qu’ils peuvent être présents dès les premiers stades de la pathologie et qu’ils peuvent évoluer avec le temps. Le tout, de nouveau, étant très variable selon les personnes.
Il est aussi important de noter que ces troubles cognitifs peuvent être présents indépendamment d’autres symptômes. Si ceux physiques sont, par exemple, généralement rapidement détectés, il est bien plus difficile de se rendre compte de la présence de troubles cognitifs qui sont souvent confondus avec la fatigue par exemple. Or ils peuvent participer activement au handicap subjectivement ressenti au niveau de la qualité de vie, tant en ce qui concerne la vie professionnelle que familiale et sociale. Ils ont ainsi un impact négatif dans certaines activités réalisées au quotidien (ex. : la conduite, la cuisine, la réalisation de courses, etc.) ou sur le maintien à l’emploi et les conditions de ce maintien pour la personne, sa productivité, sa satisfaction au travail, etc. Une revue de la littérature scientifique effectuée en 2017 met en évidence que des difficultés de vitesse de traitement de l’information, de mémoire à long terme et des fonctions exécutives permettraient de comprendre pourquoi certaines personnes travaillent encore alors que d’autres non.
Ces troubles cognitifs nécessitent donc une attention comparable aux autres symptômes d’autant plus qu’il est possible de les évaluer et de les prendre en charge adéquatement. A ce niveau, comme pour beaucoup d’autres symptômes, plus ils sont détectés précocement, plus on peut agir efficacement en rééducation stricte mais également en adoptant des comportements de prévention de ces fonctions cognitives.
Certaines difficultés cognitives sont plus couramment rencontrées dans le décours de la SEP. Citons d’abord le ralentissement de la vitesse de traitement qui se marque quand le cerveau prend davantage de temps pour décoder, comprendre et intégrer les informations qui lui sont fournies. Les difficultés de mémoire à long terme ensuite qui concernent les oublis d’informations par exemple. On peut également rencontrer des difficultés dans les fonctions dites exécutives et au niveau des capacités d’attention complexes (concentration sur une tâche, difficultés à faire attention à deux choses en même temps, etc.). Une impression de ne pas trouver ses mots aussi facilement qu’auparavant est également souvent décrite par les patients même si les capacités langagières globales restent généralement préservées, comme le niveau de QI par exemple.
Cette fiche est la première d’un dossier consacré aux fonctions cognitives dans la SEP. Dans la prochaine fiche, nous parlerons de ce qui a un impact négatif sur ces fonctions cognitives dans la vie quotidienne.
Sources :
1. Ligue Belge de la Sclérose en plaques, La vie, la SEP… et vous ? 2020, 62 pages. La vie, la SEP… et vous
2. Dubois, B., Kobelt, G., Berg, J., Capsa, D., Gannedahl, M., & European Multiple Sclerosis Platform. (2017). New insights into the burden and costs of multiple sclerosis in Europe: Results for Belgium. Multiple Sclerosis Journal, 23(2_suppl), 29-40. (https://doi.org/10.1177/1352458517708100)
3. Chiaravalloti, N. D., & DeLuca, J. (2008). Cognitive impairment in multiple sclerosis. The Lancet Neurology, 7(12), 1139-1151. (https://doi.org/10.1016/S1474-4422(08)70259-X)
4. Langdon, D. W. (2011). Cognition in multiple sclerosis. Current opinion in neurology, 24(3), 244-249. (https://doi.org/10.1097/wco.0b013e328346a43b)